Techniques créoles
Les mots #stimulants Techniques Créoles
Techniques créoles et histoires mondiales - techniques cultures
Dans son acception la plus simple, l’expression « techniques créoles » fait référence au phénomène par lequel certaines techniques de base ont trouvé, une fois importées, une nouvelle vie dans le monde pauvre. On relève de nombreux cas d’adoption tardive et d’usage prolongé dans le monde pauvre de techniques venues des pays riches. Par exemple, les pigeons voyageurs ont été introduits dans les services de police de l’Orissa (Inde) en 1946 et n’ont été abandonnés progressivement que dans les années 1990. L’industrie des véhicules motorisés en Inde fournit d’autres exemples mieux connus. Ainsi, la moto Royal Enfield Bullet modèle 1955 est produite en Inde depuis les années 1950. La production de ce modèle se poursuit aujourd’hui au rythme de 10 000 véhicules par an dans l’usine d’origine de Madras, selon des méthodes encore peu automatisées.
(…)
Créole signifie dérivé, mais différent de l’objet d’origine. C’est ainsi que le cheval créole d’Amérique, issu de bêtes apportées par les conquistadors portugais et espagnols, bien qu’introduit dans un monde où il n’existait pas de chevaux, devint différent du cheval du Vieux Monde. Le terme « créole » porte également le sens de terrien, local, authentique, vulgaire, populaire, en contraste avec la sophistication de la métropole.
Pourquoi ces mots ? Parce que je trouve l’expression magnifique. Merci à Brice chez qui je l’ai découverte. Il explique pourquoi il aime :
Le nom
Le principe, une technique qui trouve un autre usage dans un autre contexte
L’idée que même une fois une invention diffusée, devenue innovation, améliorée maintes fois, le cycle continue en empruntant des chemins de traverse. On dirait une sorte de meta-itération
La mise en pratique d’une technique créative hyper connue qui fonctionne par bissociation : Que faire d’une paire de chaussures et d’une planche à la montagne ? que faire d’un moteur de pompe à eau et d’une barque (Bon c’est facile maintenant forcément)
Le défi qui consiste non pas à imaginer ce que nous pourrions réaliser d’un coup de baguette magique mais dans une situation de quasi pénurie
Voilà qui rappelle la créolisation d’Édouard Glissant Si vous vous intéressez aux liens entre techniques, usages, innovation n’hésitez pas à lire l’intégralité de cet article. Il plaide pour une histoire “post-contextuelle” des techniques au delà de la figure l’inventeur génial (toujours homme et scientifique et blanc…) qui produit un déterminisme social… On a besoin de renouveler nos représentations des techniques.
Le #carton_rouge à l’antigraffitisme
Comprendre l’effacement des graffitis - Métropolitiques
La première partie, intitulée « Un système d’ordre visuel », s’avère intéressante par sa capacité à exposer les fondements de l’antigraffitisme : hygiénisme, contrôle social, gestion des capitaux et des populations, liens entre ordre moral et ordre visuel, censure politique et, enfin, marchandisation de l’effacement. Mais c’est dans sa deuxième partie que l’ouvrage révèle ses meilleurs atouts. Le « business du propre », le design d’espaces ou de surfaces antigraffiti, ou encore les tactiques de « planting », peu connus du grand public et encore trop peu étudiés, laissent présager de grands chantiers pour les sciences sociales.
Pourquoi ce carton rouge ? Parce que la pratique interroge sur le statut du “beau officiel” en ville, il y a même un usage de la végétalisation (le planting) qui se fait contre l’appropriation des espaces urbains par les habitants. A méditer même si les solutions ne sont pas simples et que les acteurs publics contribuent souvent malgré eux à invisibiliser ce qui est écrit sur les murs (et par là même ceux qui écrivent sur les murs).
Initiative #réjouissante
Lyon : Une ferme semencière ouvre à Charly pour adapter l’agriculture locale au réchauffement climatique - 20 Minutes
A Charly (Rhône), le CRBA (Centre de ressources de botanique appliquée) planche sur ce sujet depuis une dizaine d’années. Aujourd’hui, grâce à la métropole de Lyon, il pilote la première ferme semencière, un centre expérimental dédié à la collecte, l’étude et la production de variétés végétales capables de résister au réchauffement climatique. Et de favoriser le circuit court, en offrant lesdites semences aux producteurs locaux.
(…)
L’enjeu agricole et alimentaire est « essentiel pour la métropole de Lyon, qui depuis deux ans s’occupe de tout, de la semence jusqu’à l’assiette », ajoute-t-il. Autre enjeu, celui « de ne plus laisser l’agriculture sous le contrôle de multinationales semencières à qui le producteur achète des semences stériles ». En outre, « une agriculture vertueuse crée aussi plus d’emplois, elle rémunère mieux ses paysans, et au final, dans l’assiette, on a un meilleur produit », remarque Bruno Bernard.
Pourquoi cette initiative ? Parce qu’elle est magnifique ! Une des racines du mouvement altermondialiste dans les années 2000 a été la lutte contre les OGM précisément parce qu’ils avaient pour effet de stériliser les semences pour rendre les paysans dépendants des firmes de l’agro-industrie. Deux décennies plus tard, quel bonheur de voir un acteur public qui prend enfin le sujet au sérieux et considère que c’est d’intérêt général de libérer les semences, d’en faire une ressource commune pour lutter contre les effets du réchauffement climatique.
l’article #inspirant
Une étude récente portant sur 1 200 utilisateurs du chatbot de thérapie cognitivo-comportementale Wysa a révélé qu’une « alliance thérapeutique » entre le robot et le patient se développait en seulement cinq jours. (L'étude a été menée par des psychologues de l'Université Stony Brook de New York, de l'Institut national de la santé mentale et des neurosciences en Inde et de Wysa elle-même.) Les patients en sont rapidement venus à croire que le robot les appréciait et les respectait ; qu'il s'en souciait. Les transcriptions montraient des utilisateurs exprimant leur gratitude pour l'aide de Wysa : « Merci d'être ici », a déclaré l'un d'entre eux ; "J'apprécie de vous parler", a déclaré un autre – et, s'adressant à lui comme à un humain, "Vous êtes la seule personne qui m'aide et écoute mes problèmes."
Pourquoi cet article ? Parce que Victor Hugo avait tort d’écrire : “ceci tuera cela” (comprendre qu’une technologie remplace l’autre) ! On a là un très bel exemple du fait que les technologies s’articulent avec des relations et sont des machines à construire de l’humain. C’est parce que l’outil existe que le monde se transforme, il est possible de créer des alliances avec des objets, en fait on fait ça tous les jours !
L’article est à mon sens un signal faible d’une tendance qui ne va que s’accroitre. C’est la relation elle même qui commence à être médiée par la technique. Rappelons-nous toujours ce qu’en disait Bernard Stiegler : la technique est un pharmakon (à la fois poison et remède). Il n’y donc aucun jugement moral à avoir à priori, la question n’est pas là.
La seule vraie question au fond est en d’en faire un débat démocratique informé, de créer une régulation d’intérêt général et bien sûr de renforcer les politiques publiques du soin. Sans jamais se voiler la face quant à la force du capitalisme à capter, puis à détruire. Y a du boulot !