CAME
Quelques vers de la tirade du Non Merci …. « Cyrano de Bergerac » , Edmond Rostand.
Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles,
Si c’est dans ton jardin à toi que tu les cueilles !
Puis, s’il advient d’un peu triompher, par hasard,
Ne pas être obligé d’en rien rendre à César,
Vis-à-vis de soi-même en garder le mérite,
Bref, dédaignant d’être le lierre parasite,
Lors même qu’on n’est pas le chêne ou le tilleul,
Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul !
Ode à la modestie ou à l’individualisme ?
Le mot #stimulant CAME (Compétitivité, Attractivité, Métropolisation, Excellence)
La période récente se caractérise par l’émergence d’une mythologie séduisante dans le champ du développement économique : l’approfondissement de la mondialisation plongerait l’ensemble des territoires face à un impératif de compétitivité, seules quelques métropoles pouvant rivaliser pour attirer les talents et les leaders de demain, métropoles qu’il conviendrait donc de soutenir en concentrant les efforts sur l’excellence. Nous la résumons par l’acronyme CAME pour Compétitivité, Attractivité, Métropolisation et Excellence.
Une analyse attentive des différents composants de la CAME montre cependant qu’aussi séduisante —voire addictive— qu’elle soit, elle ne résiste pas à l’épreuve des faits. Malgré cela, portée de manière plus ou moins marquée par certains chercheurs et organismes privés ou publics d’analyse et de conseil, elle sous-tend tout un ensemble de politiques publiques ; elle a même structuré une partie des débats autour des résultats des élections dans différents pays.
Non seulement la CAME ne produit pas les effets attendus, mais elle provoque des effets indésirables. Les ressources publiques étant limitées, les dédier fortement à quelques acteurs (startups, chercheurs jugés « excellents »…) ou à quelques lieux (métropoles) conduit à renforcer les inégalités socio-spatiales. Quelques éléments de réflexion sur des alternatives envisageables, qui nous semblent plus saines, seront présentés afin d’aider à s’en désintoxiquer.
Pour les gens pressés voici le tableau qui va vous aider à saisir l’ampleur de la mythologie et les alternatives !
Pourquoi ce mot ? Une fois n’est pas coutume c’est un acronyme OBUS que je vous propose cette semaine qui risque de mettre en PLS votre DGA dev éco (trop de jargon) très probablement intoxiqué par ce mythe comme votre élu.e et très souvent votre Président.e ! Ce chercheur a interrogé les grand mythe du développement économique des territoires pour en vérifier la pertinence (spoiler : ça ne l’est pas) et surtout proposer des alternatives.
Voilà qui doit absolument nous pousser à réfléchir ensemble à de nouvelles politiques économiques sur les territoires.
(merci Stéphane, Thomas!)
Article #inspirant
À travers son ouvrage « La revanche des contextes : des mésaventures de l’ingénierie sociale, en Afrique et au-delà », s’appuyant sur de nombreuses années de recherche et de terrain en Afrique, Jean-Pierre Olivier de Sardan pose une question cruciale : Pourquoi une intervention, tout aussi bien conçue qu’elle soit, ne va-t-elle pas donner les résultats escomptés une fois mise en œuvre ?
(…)
Quelle réponse, donc, donne JP Olivier de Sardan à la question posée ? Pour lui, l’écart entre ce qui est attendu et ce qui est constaté sur le terrain provient du fait que les concepteurs des programmes, interventions, souvent d’excellents professionnels, mésestiment, méconnaissent les « contextes pragmatiques » de mise en œuvre de leurs actions. Ainsi, la mécanique (« théorie opératoire du modèle ») de réussite du programme prévue lors de la fabrication du modèle se grippe à l’épreuve du terrain. C’est ce qu’il appelle la revanche des contextes.
La cause ? La prédominance de ce que l’auteur appelle des modèles voyageurs : « Toute intervention institutionnelle standardisée (une politique publique, un programme, une réforme, un projet, un protocole, selon les échelles ou les domaines), en vue de produire un quelconque changement social, et qui repose sur un “mécanisme” et des “dispositifs” censés avoir des propriétés intrinsèques permettant d’induire ce changement dans des contextes de mise en œuvre variés », n’impliquant ni les agents chargés de la mise en œuvre ni les acteurs de terrain tant lors de la conception du programme qu’au moment de sa mise en œuvre.
Les concepteurs tentent parfois de recontextualiser le modèle ; mais celui-ci considérant la réalité de façon abstraite, il peut être très difficile malgré tout d’arriver à des résultats satisfaisants.
Pourquoi cet article ? J’aime beaucoup l’expression “la revanche des contextes”, elle est claire et efficace et nous rappelle qu’il faut nous sortir de l’esprit le passage à l’échelle des innovations, sous entendu technique, sous entendu industrielle.
Oui il y a des trucs qui marchent en innovation technique ou sociales et non ce n’est pas réinventer la poudre que d’adapter un dispositif existant à un nouveau contexte, c’est juste gagner du temps et ça ne se fera JAMAIS sans du temps de cerveau de qualités de fonctionnaires à peu près en phase avec leur hiérarchie et une dose d’argent de vos impôts.
Merci Thomas !
Le #carton_rouge à l’éducation aux médias avec les œillères de l’institution
Revenons à ce sentiment de honte, et au rôle de l’école : l’éducation aux médias telle qu’elle est proposée actuellement a-t-elle une responsabilité ?
Il ne faut pas généraliser, de très bonnes choses sont faites un peu partout. Mais on voit quand même que l’éducation aux médias et à l’information est avant tout une éducation aux médias d'information, d'actualité politique, car on part du principe que c'est elle qui fait de nous des citoyens. C'est un rétrécissement de ce que doit être cette éducation. Et souvent, on entre dans ces sujets par « il faut faire attention aux réseaux sociaux, car vous y êtes tout le temps » et « attention à la désinformation ». Résultat : pour bon nombre d'élèves s'informer est un risque à prendre, une gageure.
Pourquoi ce carton rouge ? Voilà un livre précieux et une chercheuse qui creuse un sillon à ne pas rater - celui d’une recherche sociologique accessible et utile aux praticiens de l’action publique. Lisez Anne Cordier ! En particulier pour les bibliothécaires qui me suivent (cœur avec les doigts) elle permet de comprendre la diversité et la complexité des pratique numériques des jeunes. Voilà qui pourra éviter le carton rouge du jour : celui d’une éducation aux médias mal comprise, mal maîtrisée qui tente de rabattre des pratiques diverses vers des pratiques légitimes aux yeux des institutions.
Et si on commençait par les écouter et les comprendre ? Et s’il fallait qu’ils créent des contenus qui leur ressemble ? Et s’il fallait qu’ils ou elles vivent des expériences médiatiques ?
Initiative #réjouissante
Plus fraîche ma ville est un service public gratuit proposé par l’Agence pour la Transition Écologique (ADEME). Notre mission : aider les collectivités dans le choix de solutions de rafraîchissement urbain pérennes et durables.
Pourquoi cette initiative ? En écho à la revanche des contextes, voici un site nécessaire mais pas suffisant, comme une première pierre sur le chemin de ceux qui cherchent quoi faire et comment ! Pour une une fois on a pas un site touffu avec trop d’infos mais un site très bien fait avec un système d’aide à la décision qui vise à ne pas surcharger les internautes en jouant le jeu de l’inspiration pour agir. Bien joué, ça ne suffira pas, mais c’est un élément de parcours, merci l’Ademe.