Capital d'autochtonie
Cette infolettre est labellisée "Cerveau génératif", elle est écrite avec un algorithme cognitif bio, le mien. (source Maman et Papa)
Les mots #stimulants
Sur la dimension spatiale des ressources sociales - Regards Sociologiques, n° 40, 2010
Déclinaison populaire du capital symbolique, le capital d’autochtonie désigne « l’ensemble des ressources que procure l'appartenance à des réseaux de relations localisées », comme l’explique Nicolas Renahy dans l’article d’ouverture. L’auteur des Gars du coin1 retrace l’histoire intellectuelle du concept, dont l’inspiration est née dans les années 1980 dans une série de travaux sur la chasse coordonnée par Jean-Claude Chamboredon. Un courant critique, refusant la réduction bourdieusienne de la culture populaire à la « nécessité » et lui préférant l’inspiration anthropologique du premier Bourdieu, ethnologue de la Kabylie, s’est alors appliqué à mettre en avant les ressources spécifiques aux classes populaires, et en particulier l’importance de l’appartenance au groupe localisé. C’est cependant Jean-Noël Retière, référence commune à tous les auteurs du dossier, qui a le premier systématisé cette analyse, dans sa thèse sur l’élite ouvrière d’un village breton2.
Pourquoi ces mots ? Parce qu’il me semble que c’est un outil intellectuel important qui qualifie positivement les milieux-populaires-dominés en rebond à l’approche de Bourdieu. On pense à Bruno Latour et son appel à comprendre nos attachements, à chercher où atterrir. Ceux qui ont atterri depuis longtemps ont parfois un vrai capital local qui n’est pas le repoussoir chanté par Brassens.
Vous allez me dire que c’est des mots perchés pour dire des trucs simples et vous n’aurez pas totalement tort ! Mais quand on s’y penche c’est une grande et belle question de comprendre les échelles auxquelles se construisent le capital social. Les gagnants de la mondialisation sont eux-même mondialisés (cf les travaux de sociologie des classes dominantes). Paralèllement, il existe un mépris de classe pour la “figure locale” ou la “figure du quartier” populaire réduite au rôle de mémoire locale ou de gardien du temple. L’ancrage populaire est perçu comme ringard.
Et s’il fallait changer de regard pour s’intéresser aux liens populaires autochtones et à leurs intensités (et un territoire, c’est des liens) et amplifier avec les gens un capital d’autochtonie ?
Le #carton_rouge aux usines à faux articles de recherche
‘The situation has become appalling’: fake scientific papers push research credibility to crisis point - The Guardian (traduit de l’anglais)
Les produits des usines ‘d’articles ressemblent souvent à des articles ordinaires, mais sont basés sur des modèles dans lesquels les noms de gènes ou de maladies sont insérés au hasard parmi des tableaux et des figures fictifs. Il est inquiétant de constater que ces articles peuvent ensuite être incorporés dans de vastes bases de données utilisées par ceux qui travaillent sur la découverte de médicaments.
D'autres sont plus bizarres et incluent des recherches sans rapport avec le domaine d'une revue, ce qui indique clairement qu'aucun examen par les pairs n'a eu lieu concernant cet article. Un exemple est un article sur l'idéologie marxiste paru dans la revue Computational and Mathematical Methods in Medicine . D'autres se distinguent par le langage étrange qu'ils utilisent, y compris des références au « danger du sein » plutôt qu'au cancer du sein et à la « maladie de Parkinson » plutôt qu'à la maladie de Parkinson.
Pourquoi ce carton rouge ? C’est un phénomène très inquiétant qui pourrait bien impacter la crédibilité de l’institution-recherche (institution auréolée de “neutralité” dans le débat public). En tant que chercheur, si des centaines de milliers de faux articles circulent et sont générés, comment accorder du crédit aux sources et aux algorithmes qui vont pousser des résultats ? Vous allez me dire que l’esprit critique du chercheur sera une clé et c’est vrai ! Mais ça n’épuise pas le sujet !
Les impacts de l’IAG (Intelligence artificielle générative) sur la recherche, très bien racontés dans cet retex de formation, amènent un changement d’échelle. En deux clics aujourd’hui ces outils permettent (et vendent) par exemple aux chercheurs la réalisation super rapide d’état de l’art à partir d’une hypothèse et rien n’est ouvert en terme de sources, de code ou d’algorithmes. On s’achemine tout droit vers la multiplication de boites noires qui vont analyser avec des algorithmes privés des bases de données avec une proportion significative de faux contenus ! Alors comment accorder de la confiance à tel ou tel outil si on ne connaît ni les sources et leur fiabilité ni la nature précise du modèle de langage utilisé ? Il devient urgent que le Ministère concerné, les bibliothèques universitaires et les services d’aide à la recherche des Universités intègrent ces enjeux notamment dans la politique publique de sciences ouvertes. Pour l’instant, ce n’est pas le cas et le marché foisonne de petites solutions commerciales qui pourraient très vite amener l’émergence d’une marque majeure d’IA d’assistance à la recherche au fonctionnement opaque qui dominera le “marché”. Qu’en pensez-vous ?
Initiative #réjouissante
La proposition de l’Heure Civique s’articule en deux temps :
Les élus territoriaux (départements, mairies) passent à l’Heure Civique et lancent un « appel à la mobilisation solidaire » sur leur territoire en invitant leurs administrés à participer
Chaque habitant est invité à donner une heure par mois pour une action de solidarité dans son voisinage ou sa commune, en choisissant les gestes de solidarité qui lui conviennent.
Pourquoi cette initiative ? Je sais qu’il est de bon ton de se moquer de l’État quand on travaille dans l’action publique territoriale, mais je trouve que l’Heure civique est une chouette initiative ! Derrière l’initiative on retrouve l’association Voisins solidaires qui a lancé la Fête des voisins, autre idée brillante justement parce qu’elle a le mérite d’être simple et efficace, voilà une idée sur le vivre ensemble qui a essaimé ! Qu’on partage ou pas les orientations politiques des élus porteurs je trouve que l’initiative peut-être vraiment exemplaire quand elle est bien portée par une collectivité (le dispositif national est conçu pour). Justement, on est peut-être qu’on est là dans le bon niveau d’intervention de l’État ! Un dispositif simple et graphique avec un gros potentiel d’appropriabilité locale que le niveau national cherche à amplifier.
Bien portée donc, elle a surement le potentiel d’initier la première marche pour ceux qui on besoin d’un coup de pouce pour s’engager dans la vie collective. L’avenir dira si cette théorie du changement est vraie, ou pas !
L’image #inspirante
La carte de la presse pas pareille
Nous avons actualisé notre «< carte de la presse pas pareille », qui recense les médias écrits répondant aux critères suivants :
Ils n'appartiennent à aucun groupe industriel, financier, politique, syndical ou religieux.
Ils sont détenus par leurs salariées, leurs lectrices et lecteurs et/ou une association.
Professionnels ou bénévoles, ils mènent une véritable démarche d'information.
Ils sont favorables à une société juste et solidaire, sans exclure aucune catégorie de personnes.
La publicité n'occupe pas plus de 10 % de leurs pages.
Pourquoi cet article ? J’aime beaucoup cette cartographie parce que je trouve que les critères de choix ci-dessus sont pertinents. Il ne s’agit pas de répertorier des brûlots extrémistes !
Une des raisons de l’atonie du débat local c’est bien la rareté de médias locaux (ou nationaux) indépendants. Au delà des plus connus, il y a une petite galaxie à découvrir et ça fait du bien de savoir qu’elle existe, je ne l’avais jamais vue cartographiée comme ça.
Voilà une carte à afficher dans toutes les bibliothèques publiques !