Féral
Vous avez remarqué que je n’ai rien publié la semaine dernière ? Si oui c’est que vous êtes un peu accro aux Expériences d’intérêt général, ça ne soigne pas, désolé. Si non, c’est que vous aussi vous aviez besoin d’une pause. Allez on y retourne avec une infolettre assez peu éclectique mais jamais totalement !
Le mot #stimulant Féral
La vie plus qu’humaine - Terrestres
Par féral, on entend ici une situation dans laquelle une entité, élevée et transformée par un projet humain d’infrastructure, poursuit une trajectoire au-delà du contrôle humain. En soi, il n’y a rien de mauvais dans l’absence de contrôle humain. L’écologue Annik Schnitzler utilise le terme « féral » pour décrire les forêts européennes qui croissent sur les terres agricoles abandonnées et les parcelles industrielles5. Cet usage correspond à la définition donnée par L’Atlas féral. Ni les humains, ni nos espèces compagnes, ne peuvent survivre sans ce genre de féralité, qui permet aux arbres de réinvestir des territoires dont les projets d’infrastructures les avaient exclus pendant de nombreuses années.
Dans le même temps, la discussion autour de l’Anthropocène requiert d’apporter une attention toute particulière à la féralité qui a mal tournée : les déchets de l’industrie et de la guerre estropient les métabolismes et les écosystèmes ; les organismes introduits se diffusent à travers de nouveaux paysages, anéantissant les écologies natives ; de nouvelles maladies surgissent de façon soudaine et se répandent sur la planète. Une fois encore, les effets féraux ne sont pas obligatoirement néfastes. Cependant, ceux qui posent problème ont commencé à s’accumuler, mettant en jeu l’habitabilité de la terre plus-qu’humaine.
Pourquoi ce mot ? Parce que ce mot permet d’avancer vers l’effacement des frontières mentales puissantes qui structurent notre perception de la nature et des villes. Il permet d’appréhender les hybridations animales ou végétales avec les espaces habités, donc d’envisager de nouvelles alliances. Passionnant, ne manquez pas l’article ci-dessus, on y parle d’un Atlas Féral qui est en ligne en accès libre (en anglais) pour les plus curieux d’entre vous !
Article #inspirant
Décryptage Mar Menor la lagune espagnole et ses nouveaux droits
Le 30 septembre 2022, la loi relative à la reconnaissance de la personnalité juridique de la lagune Mar Menor fut adoptée. L’aboutissement d’une longue mobilisation citoyenne, d’un travail juridique acharné et d’un alignement avec un pouvoir politique enclin à prendre des mesures novatrices face à la crise écologique. Décryptage du contenu de cette loi : quels nouveaux droits sont reconnus à la lagune ? Par qui et comment est-elle représentée juridiquement ?
Pourquoi cet article ? Parce qu’il permet de comprendre un sujet compliqué, par l’exemple. On parle parfois dans les revues intellos de “donner une personnalité juridique aux non-humains” sans que ce soit très clair. Et concrètement ? Ben vous avez la réponse. En fait l’angle juridique est une reconnaissance d’un droit mais ne saurait suffire, il s’agit en fait de construire une gouvernance, des vrai gens qui défendent la lagune. Des “gardiens de la lagune”, quelle belle expression !
Initiative #réjouissante
À St-Geniez, une forêt communale mêle habitant·es, élu·es et gardes forestier·ères - Ritimo
en s’impliquant et en observant les effets des coupes, le village s’est aperçu que certaines pratiques (le taillis sous futaie) avaient pour conséquence de fragiliser la forêt. Un bras de fer s’en est alors suivi entre la municipalité et l’ONF afin de tester une autre pratique dite en futaie jardinée (caractérisée par un mélange d’arbres et de feuillus de toutes dimensions) qui demande plus de temps et de formation pour les agents de l’Office. La municipalité s’est donc emparée politiquement de la gestion de sa forêt en esquissant un projet : réserver une partie des bois pour l’usage domestique des habitant·es (l’affouage) tout en protégeant le sol favorisant ainsi la diversité génétique et des essences, sans chercher de bénéfice financier.
Résultats : la futaie jardinée a ainsi été incluse pour 30 années dans le plan de gestion forestière de l’ONF et les semis naturels sont favorisés. Le pâturage est en outre réintroduit pour aérer les pins et permettre la promenade et la réduction du risque d’incendie.
Pourquoi cette initiative ? Parce qu’elle illustre concrètement ce que veut dire prendre soin d’un milieu vivant avec ici une alliance concrète Etat-collectivité.
Le #carton_rouge
Il existe bien une jurisprudence concernant l'application de tarifs différentiels à l'entrée des piscines. La justice a validé le principe de faire payer plus cher l'entrée des non-résidents. Toutefois, pour ce qui est d'empêcher complètement certaines personnes de profiter de ce service public, Me Louis le Foyer de Costil, avocat spécialiste en droit public, estime que ce serait légal seulement à certaines conditions. "Le règlement doit être basé sur un critère objectif et avoir un lien direct avec l'objet du service", explique l'avocat. Concrètement, "une mairie ne pourrait pas interdire à quelqu'un d'accéder à la piscine simplement parce qu'il est chômeur, ce serait clairement discriminatoire", poursuit-il.
Pourquoi ce carton rouge ? Parce que c’est une pratique légale mais très agaçante pour les habitants des frontières urbaines et surtout qui part du principe de services publics dédiés à une communauté communale uniquement définie par leur qualités d’habitants. Comme si une ville se résumait à ses habitants à l’exclusion des autres usages (passer, travailler, flâner, inviter, etc.) Bref, c’est le vieux monde des contribuables comme clientèle locale. Carton rouge.
L’éclair imprévu #lumineux
Pourquoi cet éclair ? En ce moment je redécouvre la vie et l’oeuvre d’Arthur Rimbaud. Ici une lecture magnifique d’un de mes poèmes préférés Les assis par Fabrice Luchini qui n’en fait pas trop. Le texte fait référence au… bibliothécaire de Charleville ! Comme quoi le pire des clichés peut donner le plus beau des poèmes !
Où sont les assis autour de vous ?




