L'art opératif
Le #carton_rouge
Pas d'aide d'urgence de 271 M€ pour la bio
Alors que les députés avaient adopté le 6 novembre dernier un amendement demandant un plan d’aide de 271 millions d’euros à l’agriculture bio (25 voix pour 20 contre), dans le cadre de l'examen du projet de loi de finances 2024, le Gouvernement vient, ce 8 novembre, de retoquer la mesure lors de l’adoption du texte par 49.3.
Pourquoi ce carton rouge ? L’affaire est passée quasiment inaperçue au point que le lien ci-dessus est celui d’un lointain magazine viticole qui veille sur le sujet… Difficile de trouver des informations précise sur les raison de cet abandon en rase campagne. L’enjeu est pourtant de taille. Il ne faut jamais oublier que les prix du bio ne sont pas plus cher que le conventionnel, c’est juste que ces derniers externalisent les coûts des pollutions engendrées par le mode de culture sur les services publics de la santé, notamment. Déprimant !
Initiative #réjouissante
Pour accompagner la dématérialisation, valorisons le téléphone - le sens du service public
Le téléphone peut ainsi compléter la dématérialisation des démarches administratives pour les personnes rencontrant des difficultés en leur faisant bénéficier de nouvelles prestations comme la relation usager à distance. Cette assistance téléphonique à la navigation sur le web (cobrowsing) peut constituer, dans le cadre de démarches en ligne, un dispositif pertinent d'accompagnement de nature à rassurer les 15% de Français souffrant d'illectronisme et ce, grâce à la présence de conseillers à distance et à l'élimination des obstacles à la compréhension de ce que voit l'usager. Au sein des administrations publiques, le développement de ces nouveaux métiers d'assistance à distance permettrait de conforter l'humain dans le mouvement de dématérialisation et viendrait sécuriser l'égalité d'accès aux démarches administratives actuellement menacée par une dématérialisation parfois impensée et effaçant toute présence humaine.
Pourquoi cette initiative ? Parce qu’enfin on sort du rouleau compresseur de la dématérialisation de l’acceuil des usagers comme solution exclusive et ultime. Et on essaie aussi de sortir du syndrome du numéro vert comme solution à tous les problèmes gouvernementaux… Cette note a le mérite de poser les bonnes questions sur le comment du contact téléphonique et ses hybridations. Car on parle ici d’accueil et d’accompagnement.
Article #inspirant
La comédie politique à l’échelle pertinente - grand continent
Eamon, l’administrateur européen, joué par l’excellent William Nadylam qui parvient à en faire un sphinx tout en paradoxes. A la fois atrocement agaçant avec sa voix suave, presque robotique, son air satisfait, sa supériorité de fonctionnaire-expert-technicien – le prototype de bouc émissaire pour les temps actuels – il est aussi le plus humble de tous, terriblement sympathique par son intelligence, sa bienveillance masquée, sa connaissance des rouages qui lui permet de faire des interventions sous la table, toujours efficaces, pour aider Samy.
Le Sphinx est un homme de l’ombre et de culture qui sait que la culture est une malédiction aujourd’hui. Il cite des philosophes antiques à la dérobée, pour se donner confiance à lui-même : il sait qu’il ne sera pas compris. Sans jamais se mettre en faute, il oppose de la résistance passive aux idées les plus absurdes d’élus décérébrés, et oriente leurs assistants acculturés face auxquels il n’a aucun pouvoir. Mais il a reconnu en Samy un allié. Figure hégélienne perdu dans une comédie dont il ne tient pas les rênes, Eamon ne révèle hélas pas le sens de l’Histoire, mais celui de la série : la raison européenne ne serait pas portée par les élus, mais, à travers eux, par le système qui permet à des représentants médiocres de participer à une œuvre qui les dépasse. Pour garantir que la démocratie ne bascule pas dans la dictature d’un homme ou d’un camp, Madison a doté la Constitution américaine de principes assurant que l’ambition des uns puisse toujours contrecarrer celle des autres. Les pères fondateurs de l’Europe ont-ils, à l’inverse, mis en place un système dans lequel le manque d’ambition des uns contrecarre toujours la nullité des autres ? On se prend à rêver qu’il suffise, pour donner du souffle à l’Europe, de quelques sphinx discrets cachés dans les détours du labyrinthe, de mèche avec une poignée d’idéalistes postés ici ou là. Si ça marche, c’est formidable. Seul l’avenir donnera une réponse définitive. En attendant, Parlement vaut le détour, pour le plaisir et pour pouvoir se poser la question en souriant.
Pourquoi cet article ? Parce que dans l’excellente série Parlement (que vous pouvez voir en accès libre sur France TV) on a une figure de fonctionnaire fascinante et très bien expliquée dans cet article. Loin des électrons libres ou des conspirateurs des interstices de l’innovation publique, j’aime bien l’idée de la force transformatrice d’une l’alliance presque fortuite entre la maîtrise technique de la machine et d’une intention (même pas d’une vision) politique sincère.
Merci Elisabeth!
Le mot #stimulant L’art opératif
L'art opératif : lier la stratégie et la tactique - non-fiction
C’est ici un exemple de l’harmonie entre une stratégie, dont les buts politiques sont clairs, et des victoires tactiques, le tout étant mis en phase par l’art opératif : définition du théâtre d’opérations, définition d’étapes, définition de la forme des opérations, rôle assigné à chaque bataille, maîtrise du calendrier, continuité des actions, sans qu’une seule bataille soit décisive en elle-même.
Sviétchine définit de façon abstraite l’opération comme « une action de guerre si les efforts des troupes sont dirigées sans interruption vers l’atteinte d’un certain but intermédiaire dans un théâtre d’opérations militaires donné. Une opération est un conglomérat d’actions bien différentes » (les trois notions fondamentales sont soulignées).
Pourquoi ce mot ? Parce c’est frappant de voir la prégnance actuelle de l’art opératif. L’importance la planification stratégique dans nos organisations et le fantasme de tout élu de voir le plan chèrement négocié parfaitement mis en tactique par des opérationnels experts de l’art opératif…. Au fond la fonction publique est fondamentalement d’inspiration militaire (d’ailleurs les corps et les grades du statut viennent de là). Quand on y pense ce modèle est intéressant car la tactique suppose des essais, des retours des erreurs et un retour vers la stratégie. Celui-ci n’a jamais lieu et la tactique est souvent trop définitive pour être agile. Peut-être que le problème au fond, c’est qu’on ne croit plus à l’art opératif.