Permacirculaire
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Le mot #stimulant Permacirculaire
«Le futur sera permacirculaire» - revue Hémisphères
Nous distinguons trois niveaux. Le premier est celui de la circularité micro, c’est-à-dire de l’écologie industrielle dont nous venons de parler, qui est très en vogue actuellement. Ensuite, il y a ce que nous appelons une économie authentiquement circulaire, qui fait monter d’un cran la prise en compte de la circularité en disant: on ne renonce pas à la croissance, on la limite à un taux maximal de 1%, par exemple, pour gagner du temps sur l’épuisement des ressources. Il y a enfin ce que nous appelons l’économie permacirculaire.
Le terme est calqué sur le mot «permaculture», qui désigne une agriculture fondée sur le fonctionnement naturel des écosystèmes. L’économie globale sera permacirculaire lorsqu’elle sera à la fois circulaire et capable de perdurer. Ce qui implique d’abandonner l’objectif de la croissance perpétuelle et d’entamer une réduction globale des flux de matières que nous utilisons.
Pourquoi ce mot ? Parce qu’il nous faut trouver des moyens de sortir du greenwashing de l’économie circulaire… et ça passe par un renouvellement des mots (nous manquons de mots). Saluons la pertinence du propos et l’effort de néologisation.
Si chaque entreprise fait de l’économie circulaire dans ce sens, en recyclant tout ce qu’elle produit, mais qu’il y a par ailleurs de plus en plus d’entreprises en activité, cela signifie mathématiquement qu’il faut puiser de plus en plus de ressources dans l’environnement et y jeter de plus en plus de déchets.
Article #inspirant
Avec avec les organisations et les territoires sentinelles - dixit
Par exemple, il y a une station, dans le Haut Doubs, dans le Jura, dont on parle beaucoup en ce moment, qui est Métabief. En 2015-2016, ils se sont rendus compte qu’ils ne pouvaient pas garantir la viabilité du ski alpin dans les 10 prochaines années. Il y a eu tout un travail autour de la construction de la preuve, pour rendre ces éléments tangibles à des collectivités territoriales qui ne sont pas forcément favorables au renoncement du ski alpin. C’est une généralité, mais on peut imaginer que ce n’est pas forcément un accueil favorable. Olivier Erard, le directeur de la station, a travaillé pour sortir de la logique d’opposabilité. C’est ensemble qu’il va falloir se mettre autour de ce dossier et d’avancer. Le renoncement a finalement été acté. Et ce n’est pas du tout négatif, mais souvent les gens ne retiennent pas la dimension d’ouverture attentionnelle sur des choses invisibles. C’est faire attention à des choses qu’on ne voyait pas.
Le renoncement, ce n’est pas forcément quelque chose de violent, ce n’est pas forcément une privation. C’est plutôt l’élaboration de futurs qui ne sont pas un futur unique, qui n’est pas simplement de trouver la bonne solution aux problèmes. Je pense beaucoup à ce que dit Alexandre Monnin à cet égard : il va falloir le repolitiser le renoncement, mais aussi le réaffecter, c’est-à-dire de retrouver une pluralité là où justement elle tend à disparaître.
Pourquoi cet article ? ding ding attention article exceptionnel. Vraiment les amis, arrêtez vous 30 minutes pour le lire, prenez un café, mettez vos lunettes/lentilles/casque, désactivez vos notifications, débranchez les gosses et mettez le portable en silencieux. C’est vraiment important parce qu’on est face à des gens qui cherchent qui se posent les bonnes questions sans esquiver les affects (oui ça fait mal au bide à Métabief de voir qu’il n’y aura plus de neige dans 10 ans, c’est douloureux pour les gens qui ont construit un habiter autour de ça).
La réflexion est TOUT sauf hors-sol, elle part justement du processus de détachement de la “ressource”-neige dans une station qui n’en aura plus. Ce que ça provoque, ce que ça réveille comme attachements et douleurs et enjeux de s’attacher à autre chose sans épouser le prêt à penser de la station 4 saisons.
Voilà des gens qui avancent en tâtonnant sans chercher des solutions opérationnelles ou stratégiques toutes faites ou des récits plus ou moins spectaculaires.
Merci Sylvain Grisot et Emmanuel Bonnet pour la richesse de cet échange.
Le #carton_rouge à la reproduction sociale école - fonction publique
La place du mérite dans la fonction publique - Revue cadres
Ce travail critique a pu se mettre en place et déboucher sur la publication de deux rapports, notamment le premier en 2016 sous la direction de Yannick L’Horty qui porte sur les discriminations dans l’accès à l’emploi public. Ce rapport donne des éléments d’objectivation de la complexe question des discriminations. Il permet de sortir des idées reçues et des stéréotypes en nous interpellant sur les enjeux qui dépassent largement la seule fonction publique dans toutes ses composantes. En résumé, le constat malheureusement connu est sans appel : « L’école reproduit les inégalités sociales et la fonction publique reproduit les inégalités scolaires. »
À propos de ce troisième concours, qui a connu des fortunes diverses, je ne résiste pas au plaisir de mentionner les propos sans appel de Anicet Le Pors en 1982, rappelés par Paul Pasquali : « Pour lutter contre les inégalités, il faut être inégalitaire. Un concours dans une société inégalitaire est injuste. »
Les discriminations sociales, on peut même parler de discriminations de classe, restent fortes. Michael Sandel va même jusqu’à pointer que la discrimination positive bénéficiant à des minorités ethniques a finalement renforcé ces inégalités sociales en ne s’y attelant pas. Il n’y a pas de solution simple, donc. Et la seule fonction publique ne pourra tout résoudre en matière de discriminations, mais elle doit urgemment prendre sa part. Cela dit, le travail a déjà commencé. Il faut le poursuivre, et accepter ce qu’il exige d’itération.
Pourquoi ce carton rouge ? Parce que le problème des concours est connu, noué, documenté et… peu travaillé ! C’est quand même étonnant alors qu’un des enjeux des politiques publiques éducatives est justement la lutte contre la reproduction des inégalités qu’on retrouve dans les concours. Or on a le sentiment ces dernière années que le seul mouvement à ce sujet consiste à contourner les concours et sortir les agents du statut de la fonction publique. De là à penser que l’immobilisme au sujet des concours est l’arbre qui cache la forêt d’un détricotage des droits sociaux du statut… il n’y a qu’un pas. Les réflexions actuelles et urgentes autour de l’attractivité des métiers publics vont-elles signer l’arrêt de mort des concours… ou leur renouveau ?
Initiative #réjouissante
Quatre C pour : Créativité, Collaboration, Connaissances et Citoyenneté, tels sont les concepts embrassés par les Rendez-vous 4C. À travers divers ateliers, les rendez-vous fonctionnent de manière autonome au sein des Champs Libres, autour d’une envie partagée de prendre place dans un groupe et prendre part à ses échanges. Ce faisant, les Rendez-vous 4C redéfinissent le rôle que peut jouer une grosse institution culturelle en ouvrant un tiers-lieu de passage, accueillant et stimulant.
Pourquoi cette initiative ? Parce que c’est clair, simple à comprendre et que ça marche depuis des années. J’adore cette initiative je la trouve tellement intelligente ! Et si les institutions mettaient en avant ce qu’elles font le mieux : créer un cadre (ça oui hein) et ce qu’elle ont le plus de mal à faire : contribuer à l’émergence du pouvoir d’agir et prendre soin des gens (n’est-ce-pas?). Au fond un troisième lieu, ça ressemble à ça. Allez regardez cette petite vidéo, elle donne la pêche !