Primultisme
Déjà plus de 900 abonnés à cette infolettre, ravi de m’immiscer dans vos routines informationnelles, merci à vous !
En 2023-2024 ma collectivité me donne la chance de suivre une formation approfondie à l’INSET de Dunkerque, CNFPT. Le cycle s’intitule Management des transitions écologiques et sociales. Il est constitué de 6 modules ça commence cette semaine !
Ce cycle m’intéresse parce qu’il n’aborde pas les transitions sous un “angle ingénieur” mais adopte une approche globale sur les territoires. C’est une clé pour passer de ce qui n’est pas, n’est plus seulement, la couleur d’un exécutif local ou la case cochée du PCAET mais un socle pour toutes les transformations des politiques publiques.
Autant vous dire que les prochaines infolettres seront encore plus orientées vers les transitions (mais bon c’était déjà pas mal le cas hein!)
Le #carton_rouge au lien entre invendus et aide alimentaire
A qui profite le don ? - Podcast les idées larges - Arte Radio
L’anthropologue Bénédicte Bonzi a participé entre 2017 et 2022 aux maraudes des Resto du Coeur en Seine St Denis et elle en a fait le terrain de sa thèse et de son livre La France qui a faim, Le don à l'épreuve des violences alimentaires (Seuil, 2023). Les bénévoles qu’elle a rencontrés sont animés par la volonté d’agir concrètement face à l’injustice, mais ils sont aussi les premiers à reconnaître les limites et parfois même la violence que peut charrier le don de nourriture, surtout tel qu’il est organisé aujourd’hui. Pourquoi par exemple l’aide alimentaire devrait-elle forcément recycler les invendus des supermarchés ? Une politique sociale basée sur le don peut-elle être juste ? A qui profite le don ?
Pourquoi ce podcast ? Parce qu’il met en lumière un lien vénéneux et pas si évident à percevoir entre les invendus des supermarchés et l’aide alimentaire. A première vue c’est gagnant gagnant, les invendus ne sont pas jetés et lespauvres ont de la nourriture. Ce lien est pourtant terrible car il repose sur un intérêt fiscal pour les entreprises à donner leurs invendus (le plus souvent des produits transformés qui rend les gens obèses) pour les distribuer à des banques alimentaires. Cette incitation dépouille un peu plus les pauvres de la possibilité d’un contre-don (cf. Marcel Mauss) puisque celui-ci a déjà été fait par l’État. Or le contre-don c’est un pouvoir d’agir fondamental sans quoi une relation d’infériorité s’exerce.
Voilà l’exemple typique d’une fausse bonne idée, très bien décryptée par cette anthropologue, écoutez les 20 minutes de podcast pour comprendre ce cercle vicieux qui, sous un discours vert, entretien la surproduction et la pauvreté.
Initiative #réjouissante
Une caisse commune pour réduire les inégalités alimentaires - la gazette des communes
Le collectif montpelliérain Territoires à VivreS, composé de 25 structures, expérimente depuis février 2023 une caisse commune alimentaire auprès de 450 participants. Durée de cette phase test : un an. La ville et la métropole sont partenaires du dispositif et membres du groupe. « Ce qui fonde tout ça, c’est le fait qu’il y ait de fortes inégalités d’accès à l’alimentation », lance Pauline Scherer, sociologue intervenante et responsable du pôle « recherche et expérimentation » de l’association Vrac & Cocinas, l’une des coordonnatrices du dispositif.
Le principe : chacun cotise selon ses moyens à partir d’un euro et reçoit en retour une allocation alimentaire mensuelle de 100 euros à utiliser dans l’un des points de vente définis par le comité citoyen de l’alimentation.
Pourquoi cette initiative ? Parce qu’elle fait du bien à entendre et à voir ! (regardez la vidéo, quelque chose se passe entre ces gens, c’est beau).
GROS contraste avec le carton rouge qui précède. Ici public et privés et individus cotisent pour mieux manger, c’est un système d’entraide avec une monnaie complémentaire. Cette organisation par et pour les gens rappelle la Sociale, c’est à dire une gouvernance détenue par ceux qui bénéficient du système, comme la sécurité sociale après guerre (par opposition à la gouvernance 100% l’État actuelle). Voilà ce qu’il faut organiser plutôt que d’inciter fiscalement l’industrie à donner des camions de produits de basse qualité à la date dépassée.
Au passage, personne ne comprend ce que sont les communs (et les communs numériques sont trop souvent galvaudés) voilà le plus beau des exemples : les communs comme M. Jourdain (sans le savoir et le dire).
Article #inspirant
Et si l’avenir des managers était dans leadership des défis ? - DDC (traduction de l’article original qui est en anglais)
"Nous avons besoin d'un nouveau type de leader. Pas de responsables de l'innovation, mais de responsables de mission qui se concentrent sur la réalisation d'une vision de changement à long terme pour un large éventail de parties prenantes plutôt que sur le développement organisationnel interne."
(…)
Garantir une équipe de direction compétente et un personnel stratégique pour les projets : dans un rapport récent, l’OCDE souligne l’importance de la gestion stratégique du portefeuille pour résoudre les problèmes épineux. En d’autres termes, le chef de mission doit s’assurer que tous les projets entrepris sont cohérents avec la mission, quelle que soit leur taille ou leur durée ou leur niveau de risque élevé ou faible. La responsabilité particulière de ce rôle est de fournir des conseils professionnels, de créer des aperçus, de rechercher des synergies et, enfin et surtout, de créer des chaînes de valeur qui produisent des résultats tangibles qui font la différence.
Pourquoi cet article ? Parce qu’il est écrit par Christian Bason, l’un des pionniers des laboratoires d’innovation publique, le Mindlab, aujourd’hui disparu. Et c’est justement ça qui est intéressant, parce qu’il explique comment on pourrait passer d’un discours sur l’innovation publique (souvent un peu incantatoire) à un discours sur l’efficacité coordonnée des réponses aux défis des transitions. Ces défis se pensent et se résolvent avec les parties prenantes publiques et privées. Au lieu de mener une innovation publique de projet ou de plan, il s’agit de mener une stratégie de transformation par défis coordonnés avec une logique de portefeuille de projets.
En France, selon les échelles de territoires, on a les plans mais agit peu ou alors on agit beaucoup mais parfois sans vision ni challenge. C’est bien qu’il nous manque des fonctions de management de portefeuilles de projets transversaux reconnus dans nos grandes organisations pyramidales et ouverts aux acteurs du territoire…. Je me sens très proche de ce type de réflexion !
Merci Stéphane Vincent pour la recommandation - Rappel pour tout le monde : au bout de 3 recommandations publiées j’offre une bière ;-)
Le mot #stimulant Primultisme
Primultisme et irréversibilité de l'instant - Radio France
le primultisme est un synonyme de l'instant, qui n'a lieu qu'une seule fois. Un événement qui se répète reste complètement différent de ceux qui sont déjà passés. L'instant que l'on laisse passer est perdu pour l'éternité.
« L’irréversibilité caractérise le devenir dans les moindres détails, jusque dans la continuité des instants infinitésimaux de la succession temporelle. La très lente maturation, l’évolution imperceptible, le renouvellement souterrain qui constituent le devenir sont faits, à chaque minute, d’innombrables et minuscules pulsions »
Pourquoi ce mot ? Parce que je trouve que l’idée est très belle et que le numérique permet d’actualiser des primultismes asynchrones, oui c’était juste maintenant là tout de suite, pour vous, au moment précis ou vous lisez ces mots, vous avez vécu un instant unique, c’est cadeau !