Protopie
Qui donc es-tu, toi qui ressembles à ma vie
Et dont les yeux ont l’air de soleils avortés ?
Charles Le Goffic, Impressions et souvenirs, 1922.
Article #inspirant
Et même si ces prescriptions apparaîtraient légitimes (elles le deviendront plus encore à la hauteur des attentes en matière de transition écologique), ce sont alors les solutions, les moyens, les outils qui se voient imposés par la norme juridique (Zan), soutenus par des modèles techniques préexistants (ZFE, RERM) ou favorisés par les financements (aides à l’accélération de l’électrification du parc automobile pour la ZFE, subventions et taxes dédiées aux infrastructures ferrées pour les RER). Là, c’est leur capacité à concevoir et mettre en œuvre des politiques publiques (policies) que les collectivités territoriales voient disparaître.
Pourquoi cet article ? J’aime beaucoup ce que propose Jean-Marc Offner qui vise très juste dans cette démonstration. Il y pointe une forme de standardisation par les solutions techniques et les modes de relations avec l’État (qui émoussent les volontarisme politiques les plus ancrés) alors que les politiques publiques nationales devaient, idéalement, aider à bien poser les problèmes et laisser des espaces aux collectivités pour inventer leurs solutions (cf le bulldozer ZAN…).
Et lorsqu’on pense solutions urbaines, les effets de modes et les cultures professionnelles jouent à plein. On multiplie par exemple des végétalisations ou des réhabilitations de quartiers entiers sans miser sur la créativité et l’implication des habitants, parfois même contre elles. Alors oui on concerte on fait des ateliers et des diagnostics en marchant (souvent pour cocher des cases) mais est-ce qu’on écoute vraiment les solutions qui émergent des gens ? Est-ce qu’on leur permet un pouvoir d’agir sur les dispositifs et leur gestion, au delà même de leur participation à la décision politique ? Quelle est la part d’influence des concepteurs, des commanditaires et de leurs cultures professionnelles pour concerter, puis verrouiller ? (je m’inclue dans ces critiques). Après quelques années d’expériences dans la conception au service de l’action publique je ne peux que constater qu’il a profondément raison et que l’enjeu n’est pas de démultiplier des innovations techniques ou dans l’air du temps mais bien d’engager des transformations avec les gens. N’oublions jamais que des bibliothèques, des centres sociaux, des mairies ont brûlé en juin 2023 parce que tout ça n’est pas pour eux.
Initiative #réjouissante
Direction Mennecy en Essonne où la ville a décidé de réagir face aux décès d’animaux causés par la circulation routière. Désormais, des panneaux d’un nouveau genre balisent la ville : "chat en balade, ralentir". Mais ce n'est pas tout, puisqu'on retrouve aussi des panneaux dédiés aux chevaux et même aux hérissons !
Pourquoi cette initiative ? Voilà qui peut sembler anecdotique mais qui n’en est pas moins une chouette astuce de jeu sur la norme. Quoi de plus standardisé qu’un panneau de signalisation ? Ce genre de décalage participe d’un changement de perception de la norme sociale et peut-être de l’intention à agir. Nécessaire mais pas suffisant !
Le #carton_rouge à l’alarmisme inutile sur les écrans et les enfants
Il s’agit d’une étude de « cohorte », un type de travail qui permet d’établir des conclusions très solides. Un groupe important de personnes – ici 14 000 enfants – y sont suivies pendant des années.
Les chercheurs ont évalué ces enfants à trois âges : deux ans, trois ans et demi, puis cinq ans et demi. Ils concluent à un lien « limité » entre l’usage d’écrans et leur développement intellectuel.
Certes, « aux âges de 3,5 et 5,5 ans, le temps d’exposition aux écrans était associé à de moins bons scores de développement cognitif global, en particulier dans les domaines de la motricité fine, du langage et de l’autonomie », détaille l’Inserm dans un communiqué.
« Cependant, lorsque les facteurs relatifs au mode de vie et susceptibles d’influencer le développement cognitif étaient pris en compte (…), la relation négative se réduisait et devenait de faible magnitude », enchaîne l’organisme.
Autrement dit, ce n’est pas tant la présence d’écrans qui influence le développement de l’enfant que le moment et la manière dont celui-ci les regarde.
Par exemple, les enfants étudiés semblent nettement pâtir du fait de regarder fréquemment la télévision en famille pendant les repas.
Pourquoi ce carton rouge ? Parce que l’alarmisme ambiant sur ce sujet contribue à tuer les utopies numériques, ou ce qu’il en reste. Et c’est bien connu, le réductionnisme d’un objet technique jugé néfaste n’a jamais tenu face à la complexité des usages SOCIO-techniques
Le mot #stimulant
La protopie – un futur plus désirable que l’utopie et la dystopie réunies ? - Usbek et Rica
« Il existe une alternative au binaire utopie-dystopie, qui consiste à centrer les perspectives des personnes qui n’ont jamais été silencieuses, mais dont les voix ont été délibérément effacées »
Pourquoi cet article ? J’aime bien cette idée d’un déplacement du regard sur la tranche des deux faces de la médaille utopie-dystopie… avec la vigilance d’un regard dans lequel le militantisme de la visibilité doit rejoindre l’intention esthétique…