Le mot #stimulant Musement
Quand je dois expliquer à mes étudiant.e.s ce qu’est le “musement” (ce que j’en ai compris du moins), je donne généralement cet exemple : le jeu d’évasion (“escape game”). Enfermé dans une pièce avec des ami.e.s, vous devez en sortir en résolvant de petits casse-tête dans un temps limité, en identifiant des indices et en les articulant entre eux pour avancer progressivement dans le jeu, vers la sortie.
À l’excitation se mêle parfois l’ennui, ponctué par des moments de remobilisation et même d’épiphanies : ces moments d’extase où vous comprenez ce qu’on essaie de vous faire faire depuis le début ; où l’objet, dont la fonction était difficile à identifier au départ, devient tout à coup signifiant (la page arrachée d’un vieux grimoire, sur laquelle étaient griffonnés quelques noms, qui se révèle être une pièce maîtresse du dispositif, par exemple).
Ces petites épiphanies de l’ordinaire relèvent du musement On trouve ce terme de l’ancien français chez Chrétien de Troyes (dans Perceval ou le conte du Graal, XIIe siècle) pour lequel il existe aussi un verbe intransitif : muser, proche de musarder et d’amusement, “perdre son temps” selon Littré.
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Ainsi, le monde nous pose de petites énigmes que nous résolvons quotidiennement en mobilisant des raisonnements et des savoir-faire souvent implicites, en nous appuyant sur les signes de notre environnement pour interpréter une situation et lier différents fragments dans une synthèse cohérente, qui permet l’action.
Pourquoi ce mot ? Il est tout simplement magnifique ! Une expérience d’intérêt général réussie, c’est un musement démocratique ! J’adore.
L’article #inspirant
« Il y a une sorte de mépris de la classe politique et culturelle qui considère les mangas comme une sous-culture imbibée de violence et sans message profond »
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Ce que j’aime avec les mangas, au-delà de leur radicalité et de leur puissance, c’est qu’ils abordent certains sujets de manière plus subtile que d’autres récits à la Netflix. Dans les productions occidentales, soit on ne parle pas d’écologie, soit on en parle avec des gros sabots. Don’t Look Up, par exemple, est très direct dans sa critique de l’immobilisme climatique et des médias. Alors que l’écologie est abordée de manière plus détournée dans des mangas comme Hunter x Hunter, où notre relation au vivant est – entre autres – traitée par le biais des espèces invasives, lors d’un arc narratif où les héros voient leur royaume submergé par des fourmis chimères. C’est une manière bien plus subtile et poussée d’aborder l’écologie.
Pourquoi cet article ? La critique est un peu brutale et englobante (il existe de très mauvais mangas et d’excellentes séries diffusées par Netflix) mais j’aime l’idée de déconstruire les idées reçues sur les mangas à partir de ce qu’ils encouragent comme imaginaires. Et on pourrait ajouter une autre pratique culturelle très puissante concernant la K-POP et la mobilisation des fans contre… le projet de centrale à charbon en Corée ! A écouter ici dans La Terre au carré c’est fascinant !
Le #carton_rouge à ce que Google nous prépare avec l’IA
Apocalypse Google - Arrêt sur images en accès libre
Dites adieu au moteur de recherche que vous utilisez quotidiennement : en 2024, les IA de Google vont vous résumer le Web, que vous le vouliez ou non. Une automutilation technique qui reflète le pouvoir absolu du monopole Google.
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D'ici à quelques semaines ou quelques mois, le haut de votre page de recherche Google sera envahi d' "A.I Overviews", des sortes de petits résumés d'information générés automatiquement par Gemini. Elles sont déjà disponibles aux Etats-Unis, ou avec un VPN si vous aimez particulièrement souffrir. Google précise que ce sera le logiciel lui-même qui décidera quand effectuer une intervention sur votre recherche. Comment ? Pourquoi ? Selon quels critères ? Les voies de l'IA magique sont impénétrables.
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Google essaie de devenir un site dont on ne sort pas, une sorte d'OS du Web. Son obsession, c'est celle du résultat "zero-click", où Google vous répond sur Google, sans que vous ayez à quitter Google – dans le Monde, Ertzscheid appelle ça un "moteur de réponse". En basculant du Web sémantique au Web synthétique et après avoir raflé tout ce que le Web a produit de textes publiquement accessibles, Google se sent prêt à remplacer les sites Web qu'il indexe depuis 25 ans avec ses machines à régurgiter du polyester informationnel, et à remplacer ses utilisateurs par des machines à naviguer cette déchetterie. Des robots posent des questions, des robots produisent des réponses. Mais qui produit l'information que les robots résument, et que se passera-t-il lorsque le jardin emmuré de Google se sera hermétiquement scellé au-dessus de nos têtes? Google ne se pose pas la question. Google n'a plus besoin de nous. Le contrat avec les êtres humains d'Internet - trafic et référencement contre exploitation publicitaire- est nul et non avenu.
Pourquoi ce carton-rouge ? L’article est précis, illustré, bref édifiant ! Il s’appuie sur un chercheur pour qui j’ai une admiration infinie. Olivier Ertzscheid, maître de conférence en sciences de l’information décortique Google depuis 25 ans et il a tout vu venir. Allez on sort de la fascination béate et on s’inquiète vraiment du capitalisme linguistique qui est train de nous dévorer ?
Initiative #réjouissante
Opticourses : un programme pour conjuguer nutrition et budget au quotidien
Les ateliers Opticourses® fournissent aux personnes en situation de précarité financière des clés pour améliorer la qualité nutritionnelle de leurs courses alimentaires, sans dépenser plus. Entièrement co-construit avec des habitants de quartiers défavorisés et des acteurs de terrain à Marseille, le programme consiste en des ateliers collectifs (8-12 personnes, 2h) au sein desquels s'articulent des thématiques qui proposent des activités ludiques sur les pratiques d'achats, la qualité nutritionnelle, le goût et le prix des aliments.
L'évaluation quantitative, par une méthode limitant les biais de déclaration, a montré que la participation aux ateliers améliore les listes de courses (moins de calories, moins de produits sucrés) sans entraîner de dépense supplémentaire. L'évaluation qualitative a mis en évidence des améliorations portant sur le type d'aliments achetés, les stratégies d'achats et les pratiques culinaires.
Pourquoi cette initiative ? Chouette initiative que je découvre et qui me semble la bonne manière de contribuer à des pratiques durables en affrontant le sujet par l’alimentation sous l’angle des transitions justes. Exemplaire ! (Sauf le fait que la marque Opticourses soit déposée… qui a intérêt à contrôler l’usage de cette marque et à se rémunérer sur un tel sujet ?)